IA agentique : peut-on vraiment lui faire confiance ?

Alors que l’IA agentique tend à s’imposer dans de nombreuses entreprises, quels sont ses avantages et ses enjeux en matière d’éthique et de responsabilité ? Éléments de réponse avec Alexandre Clappier, fondateur de Teriagen.

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L'IA agentique est en train de révolutionner la productivité des entreprises, selon notre expert. © Thapana_Studio - stock.adobe.com

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Alexandre Clappier, Fondateur de Teriagen

Alexandre Clappier est le fondateur de Teriagen, une société d’accompagnement en IA générative pour les entreprises et les acteurs du secteur public. Elle propose des formations et des solutions d’IA personnalisées pour automatiser les tâches, optimiser la communication et renforcer l’efficacité des équipes. Il est aussi expert des questions réglementaires et des bonnes pratiques pour un usage raisonné de l’IA.

Qu’appelle-t-on l’IA agentique précisément ?

L’IA agentique est une nouvelle génération d’intelligence artificielle, capable d’agir de façon autonome pour atteindre un objectif précis avec une supervision humaine réduite.

Un exemple concret : j’ai demandé à un agent IA de « prendre un rendez-vous avec quelqu’un de chez Teriagen pour un accompagnement en IA ». L’agent a identifié notre entreprise en ligne, consulté le site web, trouvé la page de prise de rendez-vous, sélectionné un créneau disponible et planifié un échange avec l’un de mes associés en quelques secondes.

Ces agents IA sont capables de comprendre leur environnement, de raisonner, de planifier et d’exécuter des actions complexes et dynamiques en temps réel, d’agir via des API ou des interfaces logicielles ou web, et parfois même en coordination avec d’autres agents IA.

Quels sont les avantages d’intégrer des agents IA au cœur des processus d’une entreprise ?

Cette capacité d’agir de façon autonome est en train de révolutionner véritablement la productivité et la réactivité des entreprises. Les agents IA sont capables de prendre en charge des workflows complexes dans leur intégralité, de la détection d’anomalies jusqu’à la résolution de tickets SAV, ce qui libère les collaborateurs pour des tâches à plus forte valeur.

L’IA agentique offre également une rapidité d’exécution et une adaptabilité très fortes : elle réduit les délais de réaction, apprend en continu, anticipe les incidents, personnalise les réponses, et soulage les équipes sur les tâches répétitives ou critiques.

Elle transforme la gestion des incidents et la prise de décision, avec pour vertu principale une réactivité anticipative, qui est dans l’ADN même de son fonctionnement.

Et il va falloir suivre cette trend pour ne pas être distancé par la concurrence : Gartner anticipe que d’ici 2028, jusqu’à 15 % des décisions professionnelles quotidiennes seront prises de manière autonome grâce aux systèmes d’IA agentique.

Quels sont les risques de laisser une intelligence artificielle agir en toute autonomie ?

L’IA agentique représente une avancée technologique majeure, mais comme pour l’IA de façon générale, la place de l’humain et la qualité des données sont indispensables pour encadrer et sécuriser son usage. Ce qui peut inquiéter, c’est son autonomie, un point qui nécessite en effet une attention particulière.

Le véritable défi consiste à maximiser sa fiabilité grâce à une conception transparente, une gouvernance claire et des mécanismes d’audit robustes qui garantissent la confiance.

Heureusement, l’IA agentique s’émancipe peu à peu des limitations associées aux biais ou aux données imparfaites : grâce à des pratiques rigoureuses en matière de qualité des données, combinées à des processus d’examen humains, elle évolue vers un modèle d’apprentissage plus résilient.

Enfin, la problématique des systèmes opaques est de mieux en mieux adressée. Et il existe aujourd’hui des réponses concrètes : les approches d’explicabilité (XAI) permettent notamment de donner du sens aux décisions prises par l’IA.

Quels sont les enjeux en matière d’éthique et de responsabilité que cela pose notamment ?

La gouvernance devient un impératif et la décision d’adopter des agents IA ne peut se faire sur un coup de tête et sans se faire accompagner. Des processus de supervision « human‑in‑the‑loop » sont essentiels pour garantir que les agents IA restent alignés avec les objectifs et les valeurs de l’entreprise.

Transparence, traçabilité des décisions et auditabilité doivent être les piliers de toute démarche d’intégration.

Sur le plan réglementaire, les entreprises doivent s’assurer de la conformité avec le RGPD ou l’IA Act, sans oublier bien sûr le cadre légal français (je pense notamment au droit du travail). Afin de prévenir les dérives, une stratégie éthique ne peut être laissée au hasard : elle nécessite des comités transversaux, mêlant métiers, juridique, data science et sécurité

Quid de la cybersécurité ?

En cybersécurité, l’IA agentique est d’abord reconnue comme permettant d’anticiper, de détecter des menaces et d’y apporter une réponse immédiate, freinant les attaques avant qu’elles ne s’étendent.

Mais l’IA agentique, bien qu’outil de défense, peut aussi devenir une arme offensive lorsqu’elle est détournée, par exemple en automatisant le phishing ou le vol d’identité à grande échelle.

C’est pourquoi la mise en place d’environnements isolés (sandbox), de validations humaines, et de monitoring des interactions entre agents est impérative.

Peut-on vraiment faire confiance à l’IA agentique, selon vous ?

Quand on parle d’IA en général, et c’est parfaitement adapté au sujet de l’IA agentique, je fais souvent allusion à l’image du tournevis : entre les mains d’un bon mécanicien, c’est un outil extrêmement efficace et rassurant, entre les mains d’un bandit, c’est beaucoup plus inquiétant !

Ma réponse est donc à la fois « oui » et « non ».

Oui, car l’IA agentique offre une puissance d’action et de réactivité unique. Non, si la gouvernance humaine manque de rigueur : la confiance ne peut être décorrélée de la mise en place de mesures protectrices, d’une supervision forte et d’un suivi constant.

Quelles garanties doivent être mises en place en vue d’intégrer l’IA agentique en toute sécurité ?

L’approche doit être progressive et stratégique : évaluer les enjeux et les risques (réglementaires, sociaux, environnementaux, etc.), démarrer avec des pilotes ciblés, mesurer les effets, et affiner le système en tenant compte des retours. Toute automatisation doit rester sous contrôle, avec traçabilité, sécurité robuste (chiffrement, accès granulaires, audit des apprentissages), et supervision humaine continue.

Votre mot de la fin ?

L’IA agentique ouvre une ère où l’autonomie technologique doit épouser la rigueur humaine — et c’est là son véritable potentiel. En combinant éthique, explicabilité et sécurité, nous pouvons faire émerger une forme d’intelligence qui agit, raisonne et crée de la valeur… tout en restant sous contrôle !

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